L’objectif premier de la pratique de la pleine conscience et de la méditation est en général l’augmentation du bien-être individuel (et, par ricochet, collectif). Les effets générés par la pratique vont normalement dans le sens d'un engagement conscient envers sa propre vie et une poursuite active du bien-être. Le pratiquant développera l’impression de « reprendre un certain contrôle » sur son expérience de vie et d’y voir plus clair, permettant des choix plus éclairés.
Il y a cependant un deuxième objectif, plus profond et plus subversif, qui pourrait progressivement éclore de cette pratique : la libération. Se libérer de quoi, exactement? C’est là une très vaste question. Lorsque nous pensons à la liberté, nous pensons surtout à l’absence de contraintes extérieures. Dans l’idéal, il s’agit de pouvoir faire ce que l’on veut, quand on le veut, sans contrainte ni conséquence. Mais que veut-on, ultimement, et est-ce que cette poursuite sans limite de tous nos désirs nous satisfera jamais? Est-ce que les gens ayant tous les droits et tout le luxe matériel imaginable sont les champions du bien-être? Pas toujours, observerez-vous peut-être; alors que faut-il d’autres?
En fait, le terrain où se joue principalement la conquête de notre liberté se situe à l’intérieur de nous-même, dans notre espace mental. Nous ne le réalisons peut-être pas dans notre vie trépidante quotidienne, où nous sautons d’une chose à l’autre, d’une pensée à l’autre, parfois dans un état de confusion ou d’automatisme. De quoi libérerions-nous cet espace mental? Cela pourrait être résumé en deux mots : emprise et illusion. Notre conscience, notre expérience de la vie est sous l’emprise de nos pensées, de nos émotions, de nos instincts. Ceux-ci nous servent, il est vrai; en fait ils servent surtout à notre survie et notre perpétuation. Mais dans notre recherche du bien-être, nous réalisons que nous servons ces mécanismes encore bien plus qu’ils nous servent eux-mêmes. Surtout lorsque nous voudrions arrêter de nous inquiéter ou de nous faire du mauvais sang à propos de quelque chose sur lequel nous n’avons aucun contrôle ou qui a finalement bien peu d’impact sur nous. Nous n’arrivons pas à arrêter nos pensées, nous ruminons milles soucis et cherchons sans cesse à nous définir et nous affirmer, à tailler notre place dans ce monde. En tout cas bien plus qu’il ne nous en est nécessaire. Comment renverser la vapeur? La pleine conscience, par l’observation lucide de notre esprit, jette un nouvel éclairage sur cette question et permet de nous affranchir de ces mécanismes. Elle permet à la conscience de se « libérer » de la pensée et des émotions – non pas de les supprimer mais de diminuer leur emprise sur nous. Elle permet de nous dissocier de ce contenu mental et émotionnel: nous avons des pensées et des émotions mais nous ne sommes pas ces pensées et émotions. Notre conscience est un espace bien plus vaste où ces pensées et émotions émergent, transitent et disparaissent sans cesse. Voilà la grande méprise, voilà la grande illusion. Cette réalisation, à mesure où nous la laisserons imprégner notre esprit, nous libérera.
Source de l'image: https://pixabay.com/fr/esprit-prison-psyché-2730693/
Commentaires
Enregistrer un commentaire