Accéder au contenu principal

Le "Slow Management"

Si vous travaillez en entreprise, grande ou petite, il y a de très bonnes chances que l'on vous ait assigné un gestionnaire, cette personne chargée d'orienter, d'encadrer, d'appuyer et de mesurer votre contribution à l'entreprise.

Les chances sont mêmes assez bonnes pour que vous soyez vous-même un gestionnaire ou l'ayez déjà été. Dans tous les cas, nous serons probablement d'accord que ce rôle a un impact important sur votre vie professionnelle et peut-être même personnelle.
Avez-vous déjà entendu l’expression « slow management »?

Si oui, et particulièrement si vous êtes vous-même gestionnaire, vous l’avez peut-être trouvé contradictoire… En bon gestionnaire débordé, dans un monde où tout va de plus en plus vite, ralentir n’est certainement pas ce qui vous aidera à rester à flot et performer, n’est-ce pas?

Eh bien, surprise! Ralentir, suivant l’approche du slow management, ne vous fera peut-être pas aller plus vite mais augmentera vos chances d’arriver à bon port. Car où courrez-vous ainsi, de toute façon? Petite incursion dans le monde du slow management qui, en remettant l’épanouissement humain au cœur de la gestion, pourrait faire de vous un meilleur gestionnaire et, surtout, un gestionnaire plus heureux!

Slow = lenteur, qualité, agilité

Vous vous en doutez, le slow management fait écho à tous ces autres mouvements en vogue faisant la promotion de versions lentes d’activités, tel le slow food ou le slow travel. Qu’ont en commun ces différents mouvements? Ils prônent un retour à l’essentiel, à la simplicité, à l’essence de ces activités et de ce qu’elles ont à nous offrir. Ils nous proposent de nous réapproprier ces activités et de les remettre au service de l’expérience humaine plutôt que de tenter de tout faire à la perfection selon les standards du moment. Ralentir, donc, mais en focalisant davantage sur ce qui compte vraiment!

Il y aurait beaucoup à dire sur le slow management. Pour faire court, je vais vous proposer un portrait rapide de ce à quoi pourrait ressembler un slow manager… De ce qui le caractériserait et le distinguerait d’un adepte du courant dominant, le fast management, la gestion du toujours plus et toujours plus vite. Voici, sous la forme d’ABCD du slow manager :

L’ABCD du slow manager :

· Altruiste : « Devenir gestionnaire est d’abord et avant tout un choix. Un choix essentiellement altruiste, qui oblige à se tourner vers l’autre : « Devenir manager est un vrai chemin initiatique. C’est décider de « s’occuper des autres », de leur consacrer au moins une partie de sa journée, de passer du « je » au « nous », et donc faire le deuil d’une certaine forme d’ego. C’est contraire à notre nature humaine, qui nous pousse à faire passer nos intérêts personnels en premier. » - Patrick Errard, ancien médecin praticien devenu chef de syndicat et auteur (1)

· Bref : Étrange attribut, non? Dans un monde qui ne jure que par la communication.. Être bref, pour un slow manager, c’est de savoir écouter plus que parler; de dire ce qu’il faut, mais pas plus, d’accepter les silences et de privilégier le ressenti et la sincérité aux mots creux. Être bref, c’est aussi de savoir se concentrer sur l’essentiel pour ne pas de perdre dans mille chemins secondaires – et ensuite reprendre la route en catastrophe pour rattraper le temps perdu!

· Courageux : Le slow management risque de vous placer à contre-courant de votre milieu de travail et exigera de vous du courage dans le compromis comme dans la fermeté, de la confiance et de la patience. Il requerra de vous la force de demeurer fixé sur l’objectif et de résister, chaque fois que possible, au sentiment d’urgence. Il vous demandera de ne jamais noyer le verbe bâtir dans le verbe réagir et de prendre le temps de conjuguer les deux.

· Disponible : Il s’agit peut-être de la caractéristique la plus importante qui s’exprime entre autre, dans le slow management, par le MBWA [Management By Wandering Around], traduit par « management baladeur ». Ce style de gestion insiste sur la présence, l’accompagnement, le fait d’être tout simplement là pour ses gens, proactivement, en amont des demandes et des urgences. Pour situer, pour expliquer, pour coacher, pour reconnaître, pour échanger. Vous pensez que ce n’est pas possible en virtuel? Vous pouvez très bien vous balader sur la messagerie instantanée ou tendre des perches téléphoniques. Comme le résume François Normandin, des HEC Montréal : "Le bon gestionnaire a les pieds bien plantés dans le présent. Il ne ressasse pas sans fin le passé de l’organisation, tout comme il ne se projette pas constamment dans un futur incertain. Il est là, au moment présent, pour ses gens dans l’organisation."

Les différentes caractéristiques ci-haut sont aussi au cœur d’une discipline proche du slow management, le « mindful management », la gestion en pleine conscience. On pourrait dire que l'un va difficilement sans l'autre.

Un antidote au désengagement?

De tout temps, les études nous renvoient à deux grands facteurs principaux de désengagement chez les employés : Le manque de sens et le manque de reconnaissance. Deux produits dérivés du fast management et de la poursuite effrénée d’indicateurs au détriment de résultats réels. Dans cet optique, le slow management nous propose de nous réapproprier ce rôle important qu’est la gestion, de réfléchir à ce qui compte pour l’équipe et l’entreprise et d’en faire des objectifs accessibles et motivants pour nos équipes et nos gens. Car prioriser c’est choisir et choisir c’est aussi renoncer. Et sans renonciation, pas d’espace pour respirer et s’épanouir… J’entends parfois : « on a réduit le personnel dans mon équipe et je dois maintenant faire le travail de trois personnes ». Qui peut travailler pour trois?! Plutôt se concentrer sur le tier le plus important!

Dans le travail sur la santé mentale, il m’apparait important de travailler sur les symptômes mais aussi sur les causes, de se permettre une réflexion de fond pour agir non seulement sur les travailleurs mais aussi sur l’organisation elle-même et sa culture. Le slow management m’apparait comme un outil prometteur dans une telle démarche!

Qu’en dites-vous?


 (1) http://www.psychologies.com/Travail/Vie-professionnelle/Relations-professionnelles/Articles-et-Dossiers/Management-6-lecons-des-philosophes








Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le bien-être - tremplin vers la liberté

L’objectif premier de la pratique de la pleine conscience et de la méditation est en général l’augmentation du bien-être individuel (et, par ricochet, collectif). Les effets générés par la pratique vont normalement dans le sens d'un engagement conscient envers sa propre vie et une poursuite active du bien-être. Le pratiquant développera l’impression de « reprendre un certain contrôle » sur son expérience de vie et d’y voir plus clair, permettant des choix plus éclairés. Il y a cependant un deuxième objectif, plus profond et plus subversif, qui pourrait progressivement éclore de cette pratique : la libération. Se libérer de quoi, exactement? C’est là une très vaste question. Lorsque nous pensons à la liberté, nous pensons surtout à l’absence de contraintes extérieures. Dans l’idéal, il s’agit de pouvoir faire ce que l’on veut, quand on le veut, sans contrainte ni conséquence. Mais que veut-on, ultimement, et est-ce que cette poursuite sans limite de tous nos désirs nous satisfe

Le Guide Alimental Canadien

Connaissez-vous le Guide Alimentaire Canadien? Il y a fort à parier que oui. Grâce à celui-ci, entre autres, vous êtes probablement au fait de l’importance de ce que vous mangez. De ce que vous fournissez à votre corps comme carburant, de l’impact que cela peut avoir sur vous et votre santé. Après tout, vous voulez probablement vivre bien, et vieux! Avez-vous déjà songé à évaluer votre nourriture mentale de la même façon? Est-ce que vous surveillez ce qui entre dans votre esprit? Ou vivez-vous plutôt dans un buffet de restauration rapide mentale? Peut-être vous direz-vous : « pourquoi s’en soucier »? Esprit sain dans un corps sain, n’est-ce pas? Les choses ne sont pas si simples, malheureusement. Notre corps peut très bien être sain, cela ne nous empêche pas de nous sentir angoissés, impatients, colériques ou confus; nous sentir impuissants, dépressifs ou tout simplement insatisfaits. Cela, souvent sans raison apparente claire, alors que tout devrait pourtant « bien aller ».  L